mercredi 7 décembre 2011

Le Révérend Père Jean-Marie Bukasa Malu a pris part à la Semaine pour la réconciliation, le pardon et la Paix à Bangui

Du 23 au 26 novembre 2011, le révérend Père Jean-Marie Bukasa Malu, Prêtre de l’Ordre des Carmes Déchaux et Chantre de la Paix en Afrique sous le label « Afrika Telema », a pris part à la semaine pour la Réconciliation, le Pardon et la Paix à Bangui en République Centrafricaine. Semaine organisée par l’Archidiocèse de Bangui sous l’initiative de la Commission Justice et Paix dudit Archidiocèse. Ce temps a vu la participation aussi des pèlerins venus de la République du Congo, plus précisément de la Paroisse Notre Dame de Fatima à Brazzaville dont le Curé est le présent Chantre de la Paix.

Plusieurs personnalités ont pris part où l’on pouvait noter la présence de Madame Mme Hawa AHMED YOUSSOUF, Représentante Spéciale du Président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Monsieur Renner ONANA, Chef de la section Droits de l’Homme et Justice, de l’Office du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en RCA, au nom de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies, les Représentants des différentes confessions religieuses, les partis politiques et de la société civile et de la jeunesse.

DISCOURS D’OUVERTURE DE L’ABBE BIENVENU SAUJOL, Représentant de l’Administrateur Apostolique de Bangui

Dans son discours d’ouverture en qualité de Représentant de l’Administrateur Apostolique Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, Monsieur l’Abbé Bienvenu Saujol Doufélé, Curé de la paroisse saints martyrs de l’Ouganda et Doyen de l’Immaculée Conception, a tout en reconnaissant que la paix n’a pas de prix, il a défini la paix d’après la pensée chrétienne : « Par « PAIX », la pensée chrétienne ne désigne pas la simple absence de conflit ou à la fin d’un état de guerre. Concept englobant, la paix nomme au contraire la réalité multiple-spirituelle, interpersonnelle, sociale, internationale, et même écologique – d’un ordre et d’une harmonie qui font mémoire de la création en même temps qu’ils annoncent la récapitulation eschatologique de toutes choses » indique-t-il. Ce qui fait de l’homme, un être en perpétuelle recherche de la Paix.

« C’est pourquoi l’homme désire la paix du plus profond de son être. Mais souvent, il ignore la nature du bien qu’il appelle de tous ses vœux, et les chemins qu’il suit pour obtenir ne sont pas toujours les voies de Dieu. Nous chrétiens, nous croyons et nous professons que la paix est la somme des biens accordés à la justice : avoir une terre féconde, manger à satiété, habiter en sécurité, dormir sans crainte, triompher de ses ennemis, se multiplier, et tout cela en définitives parce que Dieu est avec nous (Lv 26,1-13). Loin donc d’être une absence de guerre, la paix est plénitude du bonheur (...) L’apôtre Jacques affirme en effet : « Le fruit de la justice se sème dans la paix par ceux qui pratique la paix » (Jc 3, 18 ; Cf.IS 32,17)» déclare Monsieur l’Abbé Bienvenu Saujol Doufélé.

Par ailleurs, vantant les mérites de la République Centrafricaine comme étant une terre bénie, mais altérée par des conflits multiformes, Monsieur l’Abbé Bienvenu Saujol Doufélé a interpelé la conscience du peuple centrafricain à être des artisans de Paix concluant son speech par un récit sur l’importance de l’Amour. « Nous avons un pays riche et béni. Mais l’absence de l’amour et de la paix entre ses enfants la cantonne à la périphérie des nations, empêchant son développement. Si nous voulons sortir de l’ornière dans laquelle nous sommes, si nous voulons vraiment sortir de notre marasme, voici une petite histoire qui peut nous inspirer : Un jour, une jeune femme sort de sa maison et voit trois vieillards inconnus remplis de sagesse, devant chez elle. Elle leur dit : « Je ne pense pas que je vous connaisse, mais vous devez avoir faim. S’il vous plait, entrez et je vous donnerai quelque chose à manger. « Y a-t-il un homme à la maison ? » ont-ils demandé. « Non, il est sorti » leur répondit-elle. « Alors nous ne pouvons pas entrer » ont-ils répondu.

Dans la soirée, lorsque son mari arrive à la maison, elle lui dit ce qui s’était passé. « Va leur dire que je suis à la maison et invite-les à entrer » dit-il à sa femme. Celle-ci sort et invite les hommes à entrer dans la maison. Nous ne sommes jamais invités ensemble dans une maison » ont-ils répondu. « Et pourquoi ? » a-t-elle voulu savoir. Un des vieillards lui explique son nom est RICHESSE ; en indiquant un de ses amis, il dit, lui c’est SUCCES, et le dernier ajouta : moi je suis AMOUR. Il demanda alors à la dame : « Retourne à la maison et discute avec ton mari pour savoir lequel d’entre nous vous voulez inviter dans votre maison ».

La femme retourna à la maison et raconta à son mari ce qu’elle avait entendu. Son mari était ravi. « Comme c’est agréable !» dit-il. Puisque c’est le cas, nous allons inviter SUCCES. Sa femme n’était pas d’accord. « Mon cher, pourquoi n’inviterions-nous pas RICHESSE ? » leur fille qui était dans une autre pièce entendit leur conversation. Elle sauta sur l’occasion pour faire sa propre suggestion : « Ne serait-il pas mieux d’inviter AMOUR ? Notre maison sera alors remplie d’amour. « Tenons compte du conseil de notre fille » dit le mari à sa femme. « Sors et invite AMOUR ».

La femme sort et demande aux trois vieillards : « Lequel d’entre vous est AMOUR ? » elle lui dit, s’il vous plait, entrez et soyez notre invité. AMOUR se lève et commença à marcher vers la maison. Les deux autres se lèvent aussi et le suivent. Etonné, la dame demande à RICHESSE et SUCCES : j’ai seulement invité AMOUR. Pourquoi venez-vous aussi ? »

Les vieillards lui répondent ensemble : « Si vous aviez invité RICHESSE ou SUCCES, il serait rentré sans les autres. Mais puisque vous avez invité AMOUR, partout ou il va, nous allons avec lui ». Car partout ou il y a de l’AMOUR, il y a aussi la RICHESSE et du SUCCES.

Chers frères et sœurs, mon désir pour chaque centrafricain et pour chacun de nous ici présent est que : Là ou il y a la douleur, que nous apportions la paix et la pitié ; Là ou il y a le doute, je nous souhaite d’accorder une confiance renouvelée ; Quand la foi nous manquera et que nous serions désorientés, je nous souhaite une confiance totale en notre Dieu qui est toujours avec nous ; Là ou il y a la fatigue, l’épuisement ou le découragement, je nous souhaite la persévérance, la patience et le courage ; Là ou il y a la crainte, la peur, je nous souhaite la foi, l’amour et la paix.

Chers frères et sœurs aimons comme si nous n’avons jamais été blessé auparavant. Invitons l’amour chez nous, autour de nous, dans notre famille, nos lieux de travail ou études, nos lieux de commerce ou de travaux champêtres… Bref que l’amour soit avec nous toujours et partout » termine-t-il.

ALLOCUTION DE MONSIEUR ONANA, Chef de la section Droits de l’Homme et Justice en RCA

Monsieur Renner ONANA, Chef de la section Droits de l’Homme et Justice, de l’Office du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en RCA, au nom de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies, à son tour, après un rappel historique du parcours de l’Organisation des Nations Unies dans la recherche de la paix et du développement des Nations depuis sa création, a souligné que (…) la paix…Faire l’éloge de la paix n’est pas une chose facile tant les réalités dans lesquelles nous vivons sont contraires à ce beau mot inventé par les hommes et que se cultivent en toutes les langues du monde. Les discours sur la paix ont toujours été les plus beaux car ils se basent sur une réalité : Du faite que nous partageons cette petite planète qu’est la terre, nous devons apprendre à vivre en paix et en harmonie les uns avec les autres. Ce n’est pas seulement un rêve, c’est une nécessité. Comprendre que nous sommes tous essentiellement les mêmes êtres humains, qui recherchons le bonheur et essayons d’évité la souffrance, fait naître en nous le sens de la fraternité et de la solidarité. Cette prise de conscience est indispensable pour survivre dans le monde qui se contracte sans cesse.

Ensuite, il déclare : «(…) La responsabilité de promouvoir la paix ne revient pas uniquement aux dirigeants de nos pays ou à ceux que nous avons désignés ou élus pour assumer telle ou telle fonction. Elle revient à chacun de nous, individuellement. La paix, par exemple, commence dans le cœur de chacun de nous. Si nous avons la paix intérieure, nous sommes en paix avec ceux qui nous entourent quand notre communauté est dans un état de paix, elle peut être en paix avec les communautés voisines, et ainsi de suite… ».

Poursuivant son allocution, Monsieur Renner Onana réitère l’engagement du BINUCA au côté de la République Centrafricaine car les problèmes du peuple centrafricain ne sont pas que la recherche de la paix. «La célébration de cette semaine de consolidation de la paix à Bangui est une opportunité de rappeler l’engagement résolu et multiforme du BINUCA au coté du peuple centrafricain. En effet, les défis qui se posent à la RCA sont de plusieurs ordres notamment la nécessité d’un climat politique apaisé, l’éradication de la pauvreté et une véritable pacification du pays. Certes les Nations Unies n’offrent pas de solutions toutes faites aux problèmes centrafricains mais elles constituent un instrument essentiel grâce auquel le processus multilatéral peut être mis à contribution dans la résolution de ces problèmes. Le BINUCA croit à la force de l’action commune et du rassemblement» a-t-il affirmé tout en ajoutant pour finir son discours: «Devant les menaces et les ravages des difficultés présentes, unissons nos forces et faisons preuve d’une même détermination pour bâtir une Centrafrique nouvelle et employons nous ensemble à préserver la paix et la sécurité dans ce pays si cher à nous tous. – Ainsi notre engagement solennel de défendre les droits de l’homme et de faire respecter la dignité humaine, partout ou celle-ci serait menacée, reste intact. L’ONU rejette et condamne les violences faites aux femmes, les injustices qu’elles subissent dans leur vie quotidienne, promeut la scolarisation des filles, en veillant à renforcer leurs capacités pour leur promettre de devenir autonomes. – De même, nous travaillons de concert avec la communauté humanitaire pour préserver l’espace humanitaire en favoriser l’accès afin de juguler les conséquences humaines des conflits, et réduire la souffrance humaine dans la partie Nord et Nord Ouest du pays. Ce faisant la protection des civils notamment des catégories les plus vulnérables autrement dit les femmes, les enfants et les vieillards font l’objet d’une attention particulière ».


MOT DE MADAME HAWA AHMED YOUSSOUF, Représentante Spéciale du Président de la Commission de l’Union Africaine (UA)

Quant à Madame Mme Hawa AHMED YOUSSOUF, Représentante Spéciale du Président de la Commission de l’Union Africaine (UA), c’est l’occasion de jeter des fleurs à l’Archidiocèse de Bangui au travers de Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, Administrateur Apostolique pour l’organisation de cet évènement. « Permettez-moi, Monseigneur, de saisir cette occasion pour vous remercier et vous féliciter de votre engagement pour la promotion de la paix dans la région de l’Afrique centrale, en particulier en RCA, à travers notamment, le leadership dont la commission Justice et Paix fait montre » affirme-t-il.

«Le peuple centrafricain connait les valeurs de la paix. Le peuple centrafricain peut être fier de ce pas déjà franchi, et s’atteler à poursuivre cet idéal, comme vient de l’illustrer la réussite de la caravane de la réconciliation à travers les préfectures de la haute-Kotto, du Vakaga et de Bamingui-Bangoran. Le règlement pacifique des différends, le recours au dialogue et à la négociation ont toujours démontré que la paix est possible sans le recours à la force» renchérit-il. (…) Cette année, l’Union Africaine dans son appel du Caire en septembre dernier a :

- Souligné que la responsabilité de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits, ainsi que de la consolidation de la paix, relève, d’abord et avant tout, des parties prenantes nationales ;

- Mis en relief l’importance que revêt la mise en œuvre de programmes globaux de reconstruction et de développement post-conflit dans les pays émergeant de conflits ; et

- Rappelé la centralité de la culture de paix, en particulier par l’éducation, afin d’épargner aux générations futures le fléau de la guerre et de la violence » a-t-elle poursuivi.

Cependant, elle déplore le fait que la bonne partie du pays se trouve encore dans l’insécurité étant donné l’importance de la Paix. « En effet, si des pays comme la RCA peuvent jouir des dividendes de la paix, du moins pour la plus grande partie du pays, d’autres continuent de subir au quotidien les affres de la guerre. Or, la paix et la sécurité sont les pierres angulaires d’une Centrafrique prospère, démocratique et en bonne entente avec ses voisins » déclare-t-elle.

«Cette semaine de la consolidation de la paix représente pour nous, une occasion d’examiner les efforts actuellement déjà déployés pour la paix en RCA, aux fins de les renforcer et, le cas échéant, lancer de nouvelles initiatives pour la promotion de la paix et de la sécurité. (…) Pour sa part, l’Union Africaine, fidele aux principes énoncés dans son acte constitutif, poursuivra ses efforts au coté de la RCA, dans la promotion du développement, de la paix, de la bonne gouvernance, de la transparence dans la gestion de la chose politique, de la stabilité, puisqu’il ne saurait y avoir de développement sans paix durable. Ce faisant, l’objectif principal est de montrer que la paix est possible en RCA et que la vie est meilleure sans violence ni conflits» achève-t-elle.

Puis, les jours suivants, une série de conférence ont été présentée par des experts sur le concept de la Paix dont nous notons entre autres l’intervention du Révérend Père Valentin Ntumba Kapambu, Prêtre de l’ordre des Carmes Déchaux, Vice Recteur de l’Université Saint Augustin de Kinshasa et auteur du livre qui commente l’œuvre musicale du Père Jean-Marie Bukasa Malu, Chantre de la Paix en Afrique. Ce dernier a exposé sur la dimension anthropologique de la Paix Chez l’Homme.