jeudi 23 février 2012

La Communication du Révérend Père J-M Bukasa au Forum sur la vie consacrée tenue à Libreville du 10 au 13 janvier 2012

Le Père J-M Bukasa et Monseigneur Basile Mvè, évêque de Franceville au Gabon.


Le Révérend Père Jean-Marie Bukasa Malu a été l’un des principaux conférenciers. Sa communication a porté sur le thème : « La vie consacrée en Afrique, quel avenir ? ». Ce, à l’occasion de la célébration du jubilé des cent ans d’existence des Sœurs de Sainte Marie du Gabon – 1911 - 2011 -, un forum sur la vie consacrée a été organisé du 10 au 13 janvier 2012 à Libreville sur le thème : « A la suite de Jésus Christ, être sœur de Sainte Marie aujourd’hui dans l’Eglise ».


Abordant un regard historique sur la vie consacrée en d’autres termes l’évolution de la vie consacrée au cours de l’histoire, le Révérend Père Jean-Marie BUKASA MALU a relevé les défis de la vie consacrée dans l’Afrique contemporaine. « L’Afrique est passée du régime des << démocratures>>, c’est –à-dire des régimes forts dominés soit par des élites nationales liées aux transnationales , soit par des militaires qui ont interféré et continuent à interférer dans la politique au nom des intérêts des détenteurs du capital (…)» a-t-il indiqué comme défi politique pour lequel la participation des religieux et religieuses s’avère importante. Par ailleurs, il souligne qu’en Afrique, les Pères synodaux ne cessent de rappeler que la nécessité d’appliquer l’Evangile à la vie concrète est fortement ressentie. En effet, se demandent –ils, comment quelqu’un pourrait –il annoncer le Christ sur cet immense continent s’il oublie que celui-ci est une des régions les plus pauvres ? Comment quelqu’un pourrait-il oublier de prendre en considération l’histoire chargée de souffrances d’une terre ou de nombreuses nations qui sont encore aux prises avec la faim, la guerre, les tensions raciales et tribales, les violations des droits de l’homme? Tout cela constitue un défi pour la vie consacrée. Quant il parle du défi d’ordre socio-économique qui constitue depuis toujours un cheval de bataille des pères synodaux et par conséquent celui de la vie consacrée.

Enfin le Révérend Père Jean Marie a évoqué aussi qu’au regard de l’immense tableau des défis auxquels les Eglises d’Afrique font face, il apparaît qu’elles sont aujourd’hui devant une tâche délicate et périlleuse, mais certainement urgente et vitale, fondamentale et capitale. Cette tâche est de penser, d’inventer une nouvelle manière d’annoncer et de vivre l’Evangile tout en assumant les multiples défis et en affrontant sans détour les innombrables maux qui accablent l’Afrique. Ceci par une nouvelle forme de la vie consacrée en Afrique.

La nouvelle vie consacrée en Afrique doit donc être celle qui est au service de l’Eglise prophétique, poétique, créative et inventive. Le tout dans la communion d’une famille dialogale. « L’Eglise qui ne se pense pas comme une force colonisatrice se découvre comme une communauté en dialogue. Si Dieu est actif partout, et en tous les peuples et si les personnes y répondent à leur manière, les porteurs de la Bonne Nouvelle de Jésus ne rencontrent pas Seulement des gens qui ont une liberté et une dignité et qui les invitent au dialogue plutôt qu’à imposer leurs propres convictions. Ils rencontrent aussi la liberté de Dieu qui s’est manifesté lui-même à ces gens à travers des moyens qui leur sont inconnus. En rencontrant les autres, on se trouve devant le mystère de Dieu » a-t-il martelé en ajoutant que dans notre Afrique, la nécessité de la prophétie semble particulièrement urgente. Dans la tradition biblique, les prophètes semblent surgir dès que les pauvres sont opprimés ; que l’injustice s’étend et que le plaisir de l’argent et le pouvoir deviennent des idoles. Mais « la vie religieuse ne répète pas, mais poétise. Chaque célébration sera une nouvelle manière d’être, de se figurer. Nous aurons échappé au cycle infernal de la monotonie, de la loi du même, de l’insignifiance purement verbale. C’est l’invention sous l’impulsion de l’Esprit qui introduit cette lumière » a-t-il poursuivi.

Le Révérend Père Jean Marie a, en guise de conclusion à sa conférence, souligné entre autres que c’est pour les raisons ci-dessus que (…) ni le désespoir, ni le pessimisme ne peuvent être justifiés quant à l’avenir de la Vie consacrée en Afrique. Telle est la vérité que nous devons annoncer, une vérité une et unique, une vérité utile et nécessaire, une vérité rigoureuse et généreuse, une vérité belle comme la lumière, bonne comme le pain, ardente et féconde et fécondant comme le levain. Cette vérité du Verbe Incarné dans le sein de la Vierge Marie qui n’est plus un concept abstrait à rechercher, mais une personne concrète à aimer : Jésus-Christ, paradigme de toute Vie Consacrée (…).

A noter que le Révérend Père Jean-Marie BUKASA MALU est prêtre de l’Ordre des Carmes Déchaux, Curé de la Paroisse Notre Dame de Fatima dans l’Archidiocèse de Brazzaville et Chantre de la Paix en Afrique sous le label « Afrika Telema » (Afrique, lève-toi). Il s’agit d’une Campagne pour la promotion de la Paix en Afrique.

Jonas Libo