vendredi 24 août 2012

« Je te rends grâce car tu m’as exaucé : Tu es pour moi le salut » (Psaume 117,21)


Le 25 août, c’est la fête de Saint Louis de France. Le Père Jean Marie Bukasa se souvient de la chapelle Saint Louis des Français de Brazzaville, chapelle qui a été réduite en poussière lors de l’explosion de deux dépôts de minutions le dimanche 4 mars 2012. Jusqu’à présent, les fidèles chrétiens de cette chapelle n’ont pas de lieu de prière. Lui-même était à quelques mètres seulement du camp militaire où a eu lie l’explosion. Il avait été grièvement blessé, il avait presque perdu la vue. Après cinq mois de silence, après sa guérison par l’intercession de Marie,  le Père Jean Marie témoigne, rend grâce au Seigneur et remercie tous ceux qui l’ont secouru et prié pour lui.



Le Père Jean-Marie, quelques minutes après l'explosion
Les cicatrices sont encore très fraîches pour oublier de si tôt ce qui s’est passé ce dimanche-là, dimanche 4 mars 2012, dimanche apocalyptique, dimanche de l’hécatombe : De nombreuses maisons rasées par le souffle de l'explosion, des vitres ont volé en éclats, des toitures ont été éventrées et des portes défoncées, Il y avait plus. C’était le dimanche « rouge », le sang innocent avait beaucoup coulé : des centaines de personnes ont été tuées, des centaines blessées. A la base de cette catastrophe : Un incendie dans deux magasins de munitions d'un dépôt de la caserne du régiment blindé au quartier M’pila. Dans nos oreilles résonnent encore les bruits assourdissants de ces cinq explosions très fortes et espacées qui se sont produites à partir de 08H00 locales et jusqu'à 10H45, et qui ont même secoué et fait des dégâts matériels à Kinshasa, la capitale de la RD Congo voisine, séparée de Brazzaville par le fleuve Congo. Ce dimanche-là, l’Afrique a bougé, et le monde entier était alerté : Cris, colère, indignation, pleurs, consternation, émotion et recueillement se sont entremêlés. Jamais le Congo Brazzaville n’avait connu pareil drame auparavant.

Premiers soins à la Clinique COGEMO de Brazzaville, quelques heures après l'explosion
Après cinq mois de silence, l’un des blessés graves rend témoignage, mieux il rend grâce et remercie Dieu, la Vierge Marie « sa Maman du Ciel » ainsi que ses frères et sœurs humains. Lui, c’est le Père Jean Marie BUKASSA, curé de la Paroisse Notre Dame de Fatima qui se trouvait à quelques mètres seulement du lieu de l’explosion.  Certains ont dit qu’il était au mauvais endroit et au mauvais moment. Mais Dieu seul sait ce qu’il en était, lui qui est le maître de l’histoire et des événements.
Plusieurs personnes m’ont demandé de témoigner, mais comment témoigner dans ce petit espace que m’offre le site internet ? Une chose est sûre : L’espace alloué au site ne peut contenir ce grand témoignage. D’autres encore m’ont proposé de mettre par écrit, sous forme d’une plaquette, ce que j’ai vu, senti et vécu. J’ai retenu l’idée et si Dieu me fait grâce, je m’emploierais pour que ce désir soit concrétisé dans un proche avenir. Cette idée est bonne car elle se trouve être dans la droite ligne de ce que nous conseille la Parole de Dieu dans le Livre de Tobie : « Il est bon de garder le secret du roi, mais il est très recommandé de révéler et de publier les merveilles de Dieu » (Tb 12,7). Le moins que je puisse dire, pour l’instant, c’est que j’ai été témoin de la force et de la gloire du Seigneur. J’ai été bénéficiaire de l’intercession maternelle, discrète mais puissante de la Vierge Marie que j’appelle désormais affectueusement : « Ma Maman du Ciel ». Avec le psalmiste je peux dire  au Seigneur (et à sa Mère) : « J’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie, tu seras la louange de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom » (psaume 62,4-5).
Cet accident m’a permis de faire l’expérience de la confiance et de la patience dans la prière. Quand les hommes veulent tout et tout de suite, Dieu, lui, prend son temps pour purifier nos demandes avant de les exaucer. Il agit selon son Bon Vouloir : quand il veut et comme il veut. Il fait Miséricorde à qui il veut faire Miséricorde. C’est donc sans mérite de ma part qu’il m’a fait la grâce de la guérison quand les pronostiques médicales tendaient vers le pessimisme.
L'état de détérioration avancée des yeux du Père Jean Marie
Aujourd’hui, je peux affirmer que la Providence Divine existe. Tenez par exemple : le « bon samaritain » qui a pris pour moi le rendez-vous pour l’hôpital Hôtel-Dieu de Paris, jamais je l’ai vu de mes yeux qui étaient incapables de voir. Tout ce que je sais de lui c’est que c’est un coopérant français qui est venu voir la statue qui était restée debout après que toute l’édifice de la chapelle Saint Louis de Français soit réduite en ruine et que c’est fortuitement qu’il est arrivé jusqu’à moi et que c’est gratuitement qu’il a pris sur lui ma peine jusqu’à mener des démarches en vue de mon hospitalisation et de mon hébergement chez mes confrères carmes de Paris.
Le Père Jean Marie, en partance vers Paris avec sa fille spirituelle qui lui a servi de guide
Ces lignes, je les ai écrites avec deux  objectifs : Briser le silence pour faire signe de vie auprès de celles et ceux qui se questionnent encore sur mon état de santé et remercier tous ceux qui sont venus en mon secours durant ce moment de dure épreuve d’une manière ou d’une autre, de près ou de loin.
Pour le reste du témoignage, je promets que la plaquette sera mise à la disposition de tous pour qu’avec moi vous magnifiez le Seigneur car éternel est son Amour. Je ne le dirais jamais assez !
L'état actuel des yeux du Père Jean Marie
Puisque la liste ne sera pas exhaustive et que l’oubli sera inévitablement au rendez-vous, j’implore déjà votre indulgence avant ce mot de remerciement.
De tout cœur, Merci :
 A Maman Antoinette SASSOU-NGUESSO et son époux, le Président de la République du CONGO, tous deux préoccupés par l’ampleur de l’événement, n’ont cessé de m’envoyer leurs proches collaborateurs pour s’enquérir de mon état de santé.
-        -   À  L’archevêque de Brazzaville, Son Excellence Mgr Anatole MILANDOU qui a multiplié des visites à mon chevet, toujours dans le souci de s’enquérir de l’état de santé de son prêtre.  
-        -   À Mgr. Louis Portella MBUYU, président de la Conférence Episcopale du Congo, qui est venu m’apporter son soutien moral et spirituel de Père.
-         -  Au Vicaire Général de l’archidiocèse de Brazzaville, Abbé Léonard MILONGO, ainsi qu’à l’Abbé Gervais YOMBO, Recteur du Grand-Séminaire Emile BIAYENDA. Leurs présences m’ont réconforté.
-         -  A tous les  confrères prêtres, religieux et religieuses de Brazzaville et de partout ailleurs, pour leurs prières ferventes.
-          - Au corps médical de l’Hôpital Hôtel-Dieu de Paris pour le soin et l’attention qu’ils apporté à leur patient que j’étais.
-         -  A la veuve Monique CASSI Taty Loutard qui m’a constamment rendu visite à Paris , durant toute la période de mon hospitalisation et après. Elle avait joué, pour moi, le rôle de maman.
-          -  A toutes les carmélites déchaussées, je  présente tous mes remerciements pour vos prières silencieuses qu’elles ont  fait monter vers Ma Mère du Ciel pour ma guérison.
-          Aux fils et filles du Congo Brazzaville, et d’ailleurs : un grand merci pour votre soutien multiforme que vous m’avez apporté.
-          A mes confrères  Carmes Déchaux de la délégation du Congo,  et particulièrement ceux qui habitent sur la rue Jean Ferrandi à Paris pour la chaleur communautaire, le soutien fraternels et l’hébergement.
-          A tous mes supérieurs majeurs dans l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel
L'église Saint Louis des français tombée en ruine
Mon plus grand souhait est que les chrétiens de la chapelle Saint Louis des Français retrouvent leur lieu de prière. C’est avec eux, main dans la main, que nous avions fait naître l’idée de construire une église de grand standing, la première chapelle étant devenue exigüe vue le nombre des fidèles qui s’accroissait au jour le jour. Cette nouvelle construction était en chantier et devrait compter à terme plus de deux mille places assises. Les travaux avançaient déjà et étaient appréciés par celles et ceux qui passaient par-là. Cette nouvelle église en chantier comprenait déjà, en plus du rez-de-chaussée, une crypte (salle souterraine) et une mezzanine et nous étions déjà  entrain de nous préparer pour amorcer les travaux  de la toiture. Malheureusement,  tous les travaux réalisés ont été détruits et nous sommes appelés aujourd’hui à recommencer  tout à zéro. Nous allons élever nos mains vers Notre Mère du Ciel, afin qu’elle suscite des hommes et des femmes de bonne volonté qui pourraient nous aider  à reprendre le projet pour le conduire à son terme.
Paix aux âmes des illustres disparus. Je prie en particulier pour les catéchistes, les choristes, les légionnaires et acolytes de la Chapelle Saint Louis des Français morts sur le champ d’apostolat, dans la Vigne du Seigneur et enfouis dans les décombres du chantier de la nouvelle église en construction. Que leur sang versé par terre soit la « semence des chrétiens » du Congo et du monde entier et que leurs noms soient inscrits dans le Livre de la Vie.

« Le Seigneur est Mon Berger : je ne manque de rien.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure »(Psaume 22,1.4)

dimanche 24 juin 2012

IN MEMORIAM... ADIEU MAMU CHRISTINE MBUAYA


« Bientôt, je vais vous laisser…
Préparez pour moi une grande fête… »

Le Père Jean de Marie Bukasa a la profonde douleur d’annoncer à ses confrères, consœurs, amis et connaissances la mort inopinée de sa chère Maman Christine Mbuaya, âgée de 82 ans,  mort survenue le matin, de ce lundi 18 juin 2012 à Kinshasa. Il vous prie de garder une pensée pieuse pour le repos de l’âme de la disparue. 

Le Père Jean Marie, depuis la Ville de Paris (France) où il se trouve présentement pour des soins ophtalmologiques témoigne : « Maman n’était pas souffrante. Loin s’en faut ! Comme d’habitude, ce lundi-là, après s’être levée, après avoir pris son bain, elle a posé un acte inhabituel : elle a choisi de mettre son plus joli pagne et ses beaux souliers avec le plus beau foulard de tête. Comme en blaguant, elle aurait dit à celles et ceux qui étaient avec elle : « Bientôt,  je vais vous laisser ». Une semaine avant, il avait demandé à ses fils d’organiser une grande fête pour elle à la fin de ce mois de juin…Comme tout le monde le sait, une grande mère, on ne la prend souvent pas au sérieux. On pensait que c’était de la blague habituelle. Fervente légionnaire, elle a pris son chapelet pour la prière. C’est en douceur qu’elle s’est endormie dans son divan au salon. Ceux qui étaient avec elle croyait que c’est le petit sommeil matinal. C’est comme cela que le Christ, en compagnie de sa mère la Vierge Marie sont venus prendre cette servante de Dieu, la fervente légionnaire »

C’est le vendredi 22 juin que les funérailles ont été organisées à la Place YMCA au centre ville de la capitale Kinshasa. La messe a été célébrée, par le curé entouré de quatre prêtres carmes : Yan, le délégué général des carmes du Congo, ainsi que les Pères Tharcisse, Constatin, Germain, le samedi 23 à la Paroisse Saint Raphaël où elle a effectué son apostolat en tant que légionnaire durant de longues années. Dans la foule on pouvait remarquer la présence des étudiants carmes, des sœurs carmélites de Saint Joseph et un bon nombre des religieux et religieuses des diverses congrégations ainsi que des familiers, des amis et connaissances. De la Belgique est venue sa fille Geneviève Mala pour les obsèques de sa chère Maman.
Peu avant les absoutes, le Père Constantin, supérieur du couvent Theresianum des carmes de Kinshasa, a pris la parole pour lire la lettre, ô combien émouvante, lettre du Père Jean Marie à sa maman, lettre d’un fils à sa mère.
A la fin de la messe, le cortège funèbre s’est dirigé tout droit vers le cimetière de Kintambo où repose papa Malu Athanase, son fidèle époux qui a quitté la terre des hommes il y a de cela 22 ans…   
Nous retenons de maman Christine Mbuaya son sourire maternel. Son sens d’humour : auprès d’elle, on ne s’ennuyait guère. Mamu, comme aimait l’appeler affectueusement tout celui qui s’approchait d’elle, était une bonne conseillère. De sa bouche sortait la sagesse pour instruire, corriger et éduquer.  De là haut, nous demandons à Mamu de réciter sans relâche ce chapelet de la Vierge Marie pour la paix et l’unité dans notre pays.

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FUNERAILLES  DE MAMU   
EN IMAGES
 
Veillée mortuaire à la Place YMCA

Quelques membres de la famille MUTA

Messieurs Martin et Shambuyi, membres de la famille

Les Pères YAN et ARTHUR dialogant avec les grands frères du Père Jean Marie

Recueillement des carmélites et des carmes devant la dépouille de Mamu

La dépouille de Mamu avec un visage de paix

Amis et connaissances de la famille MALU venus se recueillir

La famille MALU entourant le cercueil de Mamu















Messe des funérailles à la Paroisse Saint Raphaël

Levée du corps pour la paroisse Saint Raphaêl

Une foule est venue participer à la messe des funérailles

Le curé de la paroisse évocant les vertus de Mamu pendant l'homélie

Les absoutes par le curé de la paroisse Saint Raphaêl

Le P. Yan, Délégué général des Carmes aspergeant la dépouille de Mamu

L'esncensement de la dépouille de Mamu par le curé

Les fils et filles de Mamu assistant aux absoutes










La sortie de la messe, douleurs de séparation
















Arrivée au Cimetière de Kintambo

 Enterrement au Cimetière de Kintambo


Bénédiction de la tombe par le P. Constantin assisté par le  P. Yan.
La mise en terre de Maman Christine Mbuaya

Moment d'émotion de l'une des petites filles de mamu

PIUS, l'un des fils de Mamu prononcant le discours d'adieu

Discours d'adieu de Madame Génevière MALA, fille de mamu, venue de la Belgique



samedi 23 juin 2012

OBSEQUES DE MAMAN CHRISTINE MBUAYA

Que rendrais-je au Seigneur ?
J’élèverais la coupe du salut, je rendrais grâce…

LETTRE DU PERE JEAN MARIE
 A SA MAMAN CHRISTINE MBUAYA
Chère Mamu,
Je suis triste parce que tu me quittes pendant que je me préparais pour venir te raconter ce que la Vierge Marie a fait pour moi lors de l’explosion du dépôt de munitions à Brazzaville le dimanche 4 mars 2012.
Vu ton âge, je n’avais jamais voulu que tu saches la nouvelle de mon accident. J’avais perdu la vue pendant plusieurs jours. Aveugle confirmé par les grands médecins spécialistes. Aujourd’hui, par ma foi en Jésus et Marie, à travers la récitation du chapelet, je suis guéri miraculeusement à l’étonnement des médecins. Pour te prouver que la guérison est effective, je t’écris cette lettre à la main.
Chère Mamu,
Par le chapelet, je suis sauvé d’une grande explosion : les gens sont morts autour de moi, mais ton fils a été encore retenu pour continuer son ministère de prêcher Jésus et sa Mère à travers le monde.
Toi aussi, par le chapelet et avec le chapelet en main, la Vierge Marie et son Fils viennent de te prendre en douceur pour rentrer au Ciel. Quand j’ai eu cette triste nouvelle, j’ai beaucoup pleuré devant la statue de la Vierge de ma chambre. Je me suis « chamaillé » avec elle parce qu’elle ne devrait pas me faire cela. Finalement, elle m’a rassuré que tu es en vie. Tu n’es pas morte. Depuis ce jour là, je sais que tu es en vie.
Rappelle-toi, lors de notre dernière rencontre avec toi à Kinshasa, tu m’as remis ta photo en me disant : « Si je meurs, tu as mon souvenir pour me voir ». Après, tu as entonné le chant marial et un autre d’action de grâce. Tu m’as dit : « Je t’ai consacré à Dieu avec tout mon cœur ». Je me suis agenouillé, tu as prié sur moi. Tu m’as demandé de veiller à l’unité de la famille en présence de ta fille aînée. J’avais tout enregistré sur mon téléphone portable.
Chère Mamu,
Que mon absence à tes obsèques ne te trouble pas. Plusieurs de tes enfants prêtres, religieux et religieuses sont à tes côtés. Père YAN, qui est mon supérieur provincial t’a donné un beau cadeau de chapelet qui te permet de continuer ta vie de prière au Ciel. Il te l’a offert au nom de tous tes enfants carmes de la Délégation du Congo ainsi que de toutes les carmélites présentes sur le sol congolais qui prient pour toi.
A Brazzaville, tout le monde est triste.
Tu m’as toujours dit que Père Christian Muta est ton fils chéri. Sache qu’il ne peut pas être avec toi à cause de ses responsabilités à Bukavu. Il est de cœur avec toi.
Mon médecin m’a déconseillé d’aller te voir maintenant parce que je dois protéger mes yeux en évitant de beaucoup pleurer pour éviter le pire.
Prie toujours pour tes enfants et tes petits enfants. N’oublie pas les enfants de ta sœur Misenga Mwa Mbuyi et leurs petits enfants. Ta sœur Tshifika qui est à paris ne t’oublie pas.
Encore une fois de plus, merci Chère Mamu pour ce que tu as été pour toute la famille.
Que ton âme repose en paix.

Fait à Paris, le 23 juin 2012.
Père Jean Marie Bukasa Malu Tshibi Nkubula ne Mbuaya.

lundi 19 mars 2012

VOICI CE QUI RESTE ENCORE DE LA CHAPELLE SAINT LOUIS DES FRANÇAIS ET DU CHANTIER DE LA NOUVELLE CONSTRUCTION.

Cela fera exactement deux semaines depuis qu’il y a eu explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville. Bien que cette zone sinistrée soit encore inaccessible, nos fins limiers s’y sont introduits pour nous donner les premières images de ce qu’est devenue la chapelle Saint Louis des Français. Les yeux se crèvent au regard de cette hécatombe. L’angoisse est grande et grandissante. Les mots manquent face aux pertes en vies humaines et en infrastructures. La chapelle Saint Louis des Français est invisible. Le chantier, lui, est méconnaissable, c’est le moins que l’on puisse dire.

Pour la petite histoire.


La chapelle Saint Louis, Roi des Français est une succursale de la paroisse Notre Dame de Fatima. Cette chapelle se trouve être dans le camp militaire. On retiendra que c’est le 30 avril 1991 que le chef d’État major général de l’Armée Populaire Nationale écrira une lettre au Père Gabriel Serrano, encore curé de la Paroisse Notre Dame de Fatima, pour porter à sa connaissance que le Ministère de la défense Nationale a marqué son accord de principe sur la restitution aux autorités de l’archidiocèse de Brazzaville de la chapelle Saint Louis, Roi des Français.

Avec cette restitution, les carmes déchaux pouvaient desservir cette chapelle avec l’accord de l’archevêque de Brazzaville. Quelques années plus tard, l’apostolat des carmes, par la grâce de Dieu, est devenu fructueux et le nombre des fidèles croissant du jour au jour. La chapelle devenait, par voie de conséquence, étroite pour contenir une foule entière des fidèles chrétiens qui venaient de toute part. L’agrandissement de cette chapelle était devenu plus qu’une urgence. Mais, il fallait avant de commencer toute chose avoir l’accord et l’autorisation du ministère de la Défense nationale.

L’agrandissement de la chapelle Saint Louis des Français.


C’est le 07 juillet 2004 que le Père Jean de Marie, comme curé, successeur du Père Gabriel, obtiendra du ministère de la défense nationale l’autorisation de procéder aux travaux d’agrandissement de la chapelle Saint Louis, Rois des Français. Une précision nous semble important à ce stade : ce terrain où se trouve la chapelle reste la propriété du Ministère de la Défense Nationale. Les carmes auront seulement l’autorisation d’y bâtir des infrastructures du culte et d’y célébrer les messes et autres sacrements.

C’est le 17 avril 2006 qu’on procédera à la pose de la première pierre pour l’agrandissement de la chapelle saint Louis, Roi des Français. Les accords des Ministères de la Construction, de l’Urbanisme, de l’habitat et de la reforme foncière n’ont pas tardé à être obtenus. Après six ans de durs labeurs, six ans de cotisations des fidèles chrétiens de cette chapelle ainsi que des hommes et femmes de bonne volonté de la Ville de Brazzaville, les travaux avaient atteint une vitesse de croisière et étaient arrivés au niveau de la toiture. Ce qui restait à faire était minime comparativement à ce qui avait été déjà réalisé. Le plan de la construction prévoyait une crypte de 300 places en dessous ; l’église elle-même devait avoir 1.500 places et un jubé de 1.000 places au dessus. Tout cela était déjà réalisé. Et voilà qu’en un clin d’œil, tous ces efforts fournis se sont effondrés avec l’explosion d’un dépôt de minutions, le dimanche 4 mars 2012, au sortir de la première messe célébrée par le Père Jean Marie.

A l’heure du bilan provisoire : Lourd tribut payé


L’ancienne chapelle Saint Louis des Français a été complètement rasée. Elle est invisible sur la carte du quartier M’pila et de la Ville de Brazzaville. Il y a pire : Les corps sans vie d’un vaillant catéchiste ainsi que ceux des deux servants de messe et des trois choristes ont été retrouvés sous les décombres le jeudi 8 mars 2012 en état de putréfaction avancée. Comme les pompiers continuent encore les recherches sous les ruines et les gravats, il nous est difficile d’établir un bilan définitif quant au nombre des décès. Les jours qui suivent confirmeront si, oui ou non, il en reste encore quelques corps des fidèles chrétiens de la chapelle Saint Louis des Français.

Les nouvelles du Père Curé Jean Marie


Le curé, le Père Jean Marie, lui, fait partie des très nombreux blessés enregistrés lors de cette explosion. Et pour cause : il se trouvait, le dimanche 4 mars, à quelques mètres seulement de l’endroit de l’explosion. Il a reçu des impacts au visage, au menton et aux yeux. Il sera évacué pour les soins appropriés vers la France, le samedi 10 mars, à la veille de l’inhumation des victimes de cette catastrophe sans précédent. Des sources sûres, il nous revient que son œil gauche a été opéré depuis le dimanche 11 mars et qu’il s’en est sorti plutôt bien. A l’heure où nous couchons ces lignes, le curé de la Paroisse notre Dame de Fatima, peut ouvrir l’œil et se rendre compte de ce qui se passe autour de lui et est en convalescence au couvent des carmes déchaux à Paris.

Souhaits et vœux

Après avoir vécu cette scène macabre, quelques souhaits nous montent au cœur : Nous souhaitons vivement que les autorités délocalisent le plus rapidement possible le camp militaire pour le mettre très loin de la ville et que le déminage et la désinfection de cette zone sinistrée soient effectués. Que les blessés et les familles des disparus soient pris en charge.

Aux âmes des victimes de cette catastrophe à nulle autre pareille, nous prions Dieu de le recevoir dans se Demeure. Au Père curé, nous lui souhaitons, d’ores et déjà, un prompt rétablissement et nous prions Dieu pour qu’il nous le fasse revenir en pleine forme afin de continuer avec la pastorale dans la Paroisse Notre Dame de Fatima et de poursuivre sa lutte pour la Paix et l’unité de l’Afrique.

IMAGE D'HECATOMBE SUR SAINT LOUIS DES FRANCAIS ET SES ENVIRONS

Plus que mille mots, ces phots décrivent d'elles-mêmes l'ampleur de l'explosion du dimanche 4 mars 2012... ces photos sont prises derrière la chapelle Saint Louis des Français et ses environs...






lundi 12 mars 2012

EXPLOSION D’UN DEPOT DE MUNITION A BRAZZAVILLE : La chapelle Saint Louis des Français a payé un lourd tribut

C’était hier dimanche 11 mars 2012, une semaine, jour pour jour, après l’explosion d’un dépôt de munition, qu’ont été portés à terre les corps de 145 des 223 victimes identifiés, après un culte œcuménique organisé à leur intention sur l’esplanade du Palais du Congrès de Brazzaville.

Des milliers de personnes ont assisté à ce moment poignant de recueillement. Parmi eux, on pouvait dénombrer plusieurs les fidèles chrétiens de la chapelle Saint Louis des Français, chapelle desservie par les missionnaires carmes déchaux. Ils sont venus à ce culte rendre un hommage fraternel et un dernier adieu à leurs frères et sœurs de la communauté chrétienne, victimes de cette explosion.

Fiacre-Joseph, le catéchiste

Rappelons que cette chapelle catholique Saint Louis des Français était située à quelques mètres seulement du camp de régiment blindé de M’pila où a eu lieu ladite explosion. Il faut dire que cette chapelle Saint Louis des français a payé un très lourd tribut dans cette explosion : la chapelle elle-même a été rasée complètement. Il n’est resté que pierres sur pierres. Il y a plus. De la nouvelle chapelle qui était en construction à quelque pas de l’ancienne, il n’est resté que quelques colonnes visibles. Toute la maçonnerie a été réduite en poussière. Ce n’est pas tout : il y a de perte en vie humaine aussi. Un bilan provisoire très lourd : 1 catéchiste, 2 servants de messe, 3 choristes, et un grand nombre des fidèles qui sont hospitalisés et dont certains ont déjà des membres supérieurs ou inférieurs amputés et d’autres encore dans état grave.

On soupçonne même que sous les décombres se trouveraient encore d’autres corps inanimés des fidèles chrétiens de la chapelle Saint Louis des français. Les recherches sont encore en cours. Mais déjà, les corps entrent en putréfaction.

Le curé de la Paroisse, le Père Jean Marie Bukasa, qui a eu des blessures au niveau du menton et de l’œil gauche a été, lui, évacué pour les soins appropriés vers la France. Comme vous le savez déjà, sa vie est hors du danger. Son état de santé n’a rien d’alarmant. Cependant, son œil gauche, qui lui fait très mal, requiert les soins approfondis. Seulement voilà : les hôpitaux et autres structures sanitaires sont bondés des blessés graves et toute l’attention est tournée vers eux. On a jugé bon que le Père aille ailleurs pour une bonne consultation ophtalmologique.

Les sources concordantes donnent comme bilan provisoire de cette explosion : 223 victimes et plus de 2.300 blessés. Ajouter à ce nombre 14.000 sans abris. Il est fort probable que ce bilan soit revu à la hausse après les fouilles des différents décombres. Pour l’heure, les pompiers sont à pieds d’œuvre et la zone du sinistre est quadrillée, sous haute surveillance et donc, l’accès est très difficile.

Le travail ne manque pas : Désinfecter la zone du sinistre, prendre en charge les victimes qui sont dans divers hôpitaux de la ville ainsi que les familles des disparus. Ajouter à ceux-là, la prise en charge des sans-abris. Mais la priorité reste la délocalisation du camp militaire pour le mettre hors de la ville. Voilà le pain que le gouvernement congolais à sur la planche pour que jamais plus on ne revive pareille scène macabre à Brazzaville.