Le
25 août, c’est la fête de Saint Louis de France. Le Père Jean Marie Bukasa se
souvient de la chapelle Saint Louis des Français de Brazzaville, chapelle qui a
été réduite en poussière lors de l’explosion de deux dépôts de minutions le
dimanche 4 mars 2012. Jusqu’à présent, les fidèles chrétiens de cette chapelle
n’ont pas de lieu de prière. Lui-même était à quelques mètres seulement du camp
militaire où a eu lie l’explosion. Il avait été grièvement blessé, il avait
presque perdu la vue. Après cinq mois de silence, après sa guérison par
l’intercession de Marie, le Père Jean
Marie témoigne, rend grâce au Seigneur et remercie tous ceux qui l’ont secouru
et prié pour lui.
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Le Père Jean-Marie, quelques minutes après l'explosion |
Les cicatrices sont encore très fraîches pour oublier de si
tôt ce qui s’est passé ce dimanche-là, dimanche 4 mars 2012, dimanche
apocalyptique, dimanche de l’hécatombe : De nombreuses maisons rasées par
le souffle de l'explosion, des vitres ont volé en éclats, des toitures ont été
éventrées et des portes défoncées, Il y avait plus. C’était le dimanche
« rouge », le sang innocent avait beaucoup coulé : des centaines
de personnes ont été tuées, des centaines blessées. A la base de cette
catastrophe : Un incendie dans deux magasins de munitions d'un dépôt de la
caserne du régiment blindé au quartier M’pila. Dans nos oreilles résonnent
encore les bruits assourdissants de ces cinq explosions très fortes et espacées
qui se sont produites à partir de 08H00 locales et jusqu'à 10H45, et qui ont
même secoué et fait des dégâts matériels à Kinshasa, la capitale de la RD Congo
voisine, séparée de Brazzaville par le fleuve Congo. Ce dimanche-là, l’Afrique a
bougé, et le monde entier était alerté : Cris, colère, indignation,
pleurs, consternation, émotion et recueillement se sont entremêlés. Jamais le
Congo Brazzaville n’avait connu pareil drame auparavant.
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Premiers soins à la Clinique COGEMO de Brazzaville, quelques heures après l'explosion |
Après cinq mois de silence, l’un des blessés graves rend
témoignage, mieux il rend grâce et remercie Dieu, la Vierge Marie « sa
Maman du Ciel » ainsi que ses frères et sœurs humains. Lui, c’est le Père
Jean Marie BUKASSA, curé de la Paroisse Notre Dame de Fatima qui se trouvait à
quelques mètres seulement du lieu de l’explosion. Certains ont dit qu’il était au mauvais
endroit et au mauvais moment. Mais Dieu seul sait ce qu’il en était, lui qui
est le maître de l’histoire et des événements.
Plusieurs
personnes m’ont demandé de témoigner, mais comment témoigner dans ce petit
espace que m’offre le site internet ? Une chose est sûre : L’espace
alloué au site ne peut contenir ce grand témoignage. D’autres encore m’ont
proposé de mettre par écrit, sous forme d’une plaquette, ce que j’ai vu, senti
et vécu. J’ai retenu l’idée et si Dieu me fait grâce, je m’emploierais pour que
ce désir soit concrétisé dans un proche avenir. Cette idée est bonne car elle
se trouve être dans la droite ligne de ce que nous conseille la Parole de Dieu
dans le Livre de Tobie : « Il est bon de garder le secret du roi,
mais il est très recommandé de révéler et de publier les merveilles de
Dieu » (Tb 12,7). Le moins que je puisse dire, pour l’instant, c’est
que j’ai été témoin de la force et de la gloire du Seigneur. J’ai été
bénéficiaire de l’intercession maternelle, discrète mais puissante de la Vierge
Marie que j’appelle désormais affectueusement : « Ma Maman du
Ciel ». Avec le psalmiste je peux dire au Seigneur (et à sa Mère) :
« J’ai
vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie, tu seras la louange
de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en
invoquant ton nom » (psaume
62,4-5).
Cet
accident m’a permis de faire l’expérience de la confiance et de la patience
dans la prière. Quand les hommes veulent tout et tout de suite, Dieu, lui,
prend son temps pour purifier nos demandes avant de les exaucer. Il agit selon
son Bon Vouloir : quand il veut et comme il veut. Il fait Miséricorde à
qui il veut faire Miséricorde. C’est donc sans mérite de ma part qu’il m’a fait
la grâce de la guérison quand les pronostiques médicales tendaient vers le
pessimisme.
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L'état de détérioration avancée des yeux du Père Jean Marie |
Aujourd’hui,
je peux affirmer que la Providence Divine existe. Tenez par exemple : le
« bon samaritain » qui a pris pour moi le rendez-vous pour l’hôpital Hôtel-Dieu
de Paris, jamais je l’ai vu de mes yeux qui étaient incapables de voir. Tout ce
que je sais de lui c’est que c’est un coopérant français qui est venu voir la statue qui
était restée debout après que toute l’édifice de la chapelle Saint Louis de
Français soit réduite en ruine et que c’est fortuitement qu’il est arrivé
jusqu’à moi et que c’est gratuitement qu’il a pris sur lui ma peine jusqu’à
mener des démarches en vue de mon hospitalisation et de mon hébergement chez
mes confrères carmes de Paris.
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Le Père Jean Marie, en partance vers Paris avec sa fille spirituelle qui lui a servi de guide |
Ces lignes, je les ai écrites avec deux objectifs : Briser le silence pour faire
signe de vie auprès de celles et ceux qui se questionnent encore sur mon état
de santé et remercier tous ceux qui sont venus en mon secours durant ce moment
de dure épreuve d’une manière ou d’une autre, de près ou de loin.
Pour le reste du témoignage, je promets que la
plaquette sera mise à la disposition de tous pour qu’avec moi vous magnifiez le
Seigneur car éternel est son Amour. Je ne le dirais jamais assez !
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L'état actuel des yeux du Père Jean Marie |
Puisque la liste ne sera pas exhaustive et que
l’oubli sera inévitablement au rendez-vous, j’implore déjà votre indulgence avant
ce mot de remerciement.
De tout cœur, Merci :
- A Maman
Antoinette SASSOU-NGUESSO et son époux, le Président de la République du CONGO,
tous deux préoccupés par l’ampleur de l’événement, n’ont cessé de m’envoyer
leurs proches collaborateurs pour s’enquérir de mon état de santé.
- - À L’archevêque de Brazzaville, Son Excellence
Mgr Anatole MILANDOU qui a multiplié des visites à mon chevet, toujours dans le
souci de s’enquérir de l’état de santé de son prêtre.
- - À Mgr.
Louis Portella MBUYU, président de la Conférence Episcopale du Congo, qui est venu
m’apporter son soutien moral et spirituel de Père.
- - Au
Vicaire Général de l’archidiocèse de Brazzaville, Abbé Léonard MILONGO, ainsi
qu’à l’Abbé Gervais YOMBO, Recteur du Grand-Séminaire Emile BIAYENDA. Leurs
présences m’ont réconforté.
- - A
tous les confrères prêtres, religieux et
religieuses de Brazzaville et de partout ailleurs, pour leurs prières
ferventes.
- - Au corps médical de l’Hôpital Hôtel-Dieu de Paris
pour le soin et l’attention qu’ils apporté à leur patient que j’étais.
- - A la
veuve Monique CASSI Taty Loutard qui m’a constamment rendu visite à Paris ,
durant toute la période de mon hospitalisation et après. Elle avait joué, pour
moi, le rôle de maman.
- - A toutes les carmélites
déchaussées, je présente tous mes
remerciements pour vos prières silencieuses qu’elles ont fait monter vers Ma Mère du
Ciel pour ma guérison.
-
Aux fils et filles du Congo Brazzaville,
et d’ailleurs : un grand merci pour votre soutien multiforme que vous
m’avez apporté.
-
A mes confrères Carmes Déchaux de la délégation du Congo, et particulièrement ceux qui habitent sur la
rue Jean Ferrandi à Paris pour la chaleur communautaire, le soutien fraternels
et l’hébergement.
-
A tous mes
supérieurs majeurs dans l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel
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L'église Saint Louis des français tombée en ruine |
Mon plus grand souhait est
que les chrétiens de la chapelle Saint Louis des Français retrouvent leur lieu
de prière. C’est avec eux, main dans la main, que nous avions fait naître
l’idée de construire une église de grand standing, la
première chapelle étant devenue exigüe vue le nombre des fidèles qui
s’accroissait au jour le jour. Cette nouvelle construction était en chantier et
devrait compter à terme plus de deux mille places assises. Les travaux
avançaient déjà et étaient appréciés par celles et ceux qui passaient par-là.
Cette nouvelle église en chantier comprenait déjà, en plus du rez-de-chaussée,
une crypte (salle souterraine) et une mezzanine et nous étions déjà entrain de nous préparer pour amorcer les
travaux de la toiture. Malheureusement, tous les travaux réalisés ont été détruits et
nous sommes appelés aujourd’hui à recommencer
tout à zéro. Nous allons élever nos mains vers Notre Mère du Ciel, afin
qu’elle suscite des hommes et des femmes de bonne volonté qui pourraient nous
aider à reprendre le projet pour le
conduire à son terme.
Paix aux âmes des illustres disparus. Je prie en
particulier pour les catéchistes, les choristes, les légionnaires et acolytes
de la Chapelle Saint Louis des Français morts sur le champ d’apostolat, dans la
Vigne du Seigneur et enfouis dans les décombres du chantier de la nouvelle église
en construction. Que leur sang versé par terre soit la « semence des
chrétiens » du Congo et du monde entier et que leurs noms soient inscrits
dans le Livre de la Vie.
« Le Seigneur est Mon Berger : je
ne manque de rien.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me
rassure »(Psaume 22,1.4)